Le Plateau -Pamplemousse, Journal Local: Créer à la bibliothèque

Par Daphné Angiolini

Dans CULTURE, VIE DE QUARTIER, 6 JUIN 2017 
Depuis mars dernier, les habitants du Mile-End peuvent se targuer d’accueillir sur leur territoire la première ruche d’art permanente en bibliothèque au monde. Et semble-t-il qu’ils en profitent!

Une ruche d’art, c’est un espace en accès libre qui favorise la rencontre, le partage, la créativité. Les citoyens s’y rendent spontanément pour coudre, peinturer, bricoler. Elle se développe partout, autant en milieu institutionnel que dans des logements sociaux, par exemple. Et c’est à la bibliothèque Mordecai-Richler qu’une petite nouvelle s’est récemment implantée.

« Dans le concept de ruche d’art, il y a les volets création et rassemblement, lance Rachel Chainey, coordonnatrice nationale du Réseau des Ruches d’Art, qui a vu le jour en 2014. Les gens ont besoin d’appartenir à une communauté. On vit à une époque où nous sommes connectés à des milliers de personnes en ligne, mais ne parlons plus à nos voisins. L’idée est ici de se rencontrer, peu importe l’âge ou le milieu social ».

Un début prometteur

Avec son équipe, Marie-Christine Lavallée, Chef de section – bibliothèques, pour la division Culture et bibliothèques du Plateau-Mont-Royal, a donc conçu, dans un local vacant de la bibliothèque Mordecai-Richler, une ruche où machine à coudre, perles, pelotes de laine, livres ou pastels attendent les visiteurs.

Actuellement ouverte au public deux fois semaine, la ruche pourrait l’être tous les jours, selon la demande. « C’est notre objectif, assure Mme Lavallée. On est encore dans les balbutiements, mais l’écho est très prometteur. Sur le terrain, mes collègues me disent que l’intérêt est grandissant et qu’ils en entendent parler tous les jours. On accueille les familles du quartier, les travailleurs autonomes, des personnes de tous âges ».

« Les gens apportent du matériel, expriment leur volonté de s’impliquer et de partager leur savoir-faire », ajoute-t-elle. Ainsi, quelqu’un de doué en couture peut, par exemple, se rendre à la ruche et proposer aux gens présents de les aider à peaufiner leurs connaissances.

Marie-Christine Lavallée n’exclut pas la possibilité que la ruche du Mile-End organise des Repair Café, dont le concept est d’apporter un objet personnel brisé (vêtement, matériel électronique ou électrique), afin de bénéficier du talent d’autres citoyens pour le réparer. « La connaissance de l’un répond aux besoins d’un autre », résume-t-elle.

Une ruche d’art peut aussi accueillir différents ateliers, y compris ceux faisant la part belle aux sciences.

Tiers-lieu

Si les ruches d’art peuvent s’implanter dans différents espaces, celles développées en bibliothèques revêtent une couleur bien particulière, selon Marie-Christine Lavallée. Elles participent à transformer ce lieu public, autrefois austère et silencieux, en milieu communautaire pour les gens. « De plus en plus de bibliothèques s’inscrivent dans cette nouvelle vocation, celle d’un tiers-lieu, explique-t-elle. Il s’agit d’un troisième milieu de vie, après la famille et le travail. »

Avec la ruche d’art, la bibliothèque devient aussi lieu de création. « C’est comme un nouveau service aux usagers, enchaîne Mme Lavallée. Les gens viennent pour des conférences, des heures du conte, pour étudier ou emprunter des livres. Et maintenant, ils pourront aussi créer ».

Permanente et en bibliothèque : unique au monde!

Le fait que cette ruche d’art soit permanente lui permettra d’acquérir une identité propre au fil du temps, croit Rachel Chainey : « Les gens pourront s’approprier les lieux. Il va se créer une accumulation, pas seulement de matériaux, mais d’œuvres terminées ou en cours ».

Résultat? Les citoyens qui se déplacent pour la ruche d’art profitent d’un accès aux livres et à la culture. Et les usagers de la bibliothèque découvrent un espace de création. « Au final, la ruche va faire le pont entre les ressources attribuées à la bibliothèque et celles d’un milieu libre et créatif », s’enthousiasme Mme Lavallée.

Rachel Chainey croit pour sa part qu’il allait de soi qu’une ruche d’art voir le jour dans le Mile-End. « Il s’agit d’un quartier emblématique avec une forte concentration d’artistes, rappelle-t-elle. Il était fondamental qu’il ait sa ruche, ça correspond à son identité ».

L’origine des ruches d’art

Le concept est né au Nouveau-Mexique, il y a une vingtaine d’années. La fondatrice du mouvement, Janis Timm-Bottos, voulait alors former un espace sécuritaire et communautaire pour répondre à un besoin de la population, fortement touchée par l’itinérance.

Montréalaise d’adoption depuis 2010, Mme Timm-Bottos enseigne aujourd’hui à l’Université Concordia, au programme de thérapie par les arts.

À Montréal, elle fonde une première ruche d’art, à Saint-Henri, en 2011. Aujourd’hui, la métropole en compte une trentaine, dont une au Musée des Beaux-Arts. Bien que Montréal demeure le noyau, le concept a fait des petits en Europe et aux États-Unis.

La ruche d’art est ouverte les vendredis de 14 h à 18 h et les dimanches de 12 h à 17 h. Pour connaître les détails, tels que les ateliers à venir, suivez la page Facebook des biblios du Plateau.

Source: http://plateau.pamplemousse.ca/2017/06/creer-a-bibliotheque/

Photo: Rachel Chainey (gauche) et Marie-Christine Lavallée (droite) posent devant quelques oeuvres réalisées à la ruche d’art de la bibliothèque Mordecai-Richler. (Photo: Daphné Angiolini)

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